Le devenir du monde par Eric Revel, journaliste.

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Le monde a perdu sa bipolarité , il n’a pas gagné pourtant en sérénité. Il est anxiogène. La fin du face à face entre l’URSS et les Etats-Unis, du temps de la guerre froide, a laissé la place à un monde complexe, multipolaire où la Chine, l’Inde, la Russie et l’Europe contestent au champion américain le rôle de leader Maximo. L’Europe, à la traîne, recherche un nouveau souffle, étouffée par une technostructure qui ne parle pas aux peuples. Les populismes se sont engouffrés dans les interstices de la muraille fédérale européenne en promettant des lendemains qui chantent. Pendant, ce temps, en renforçant leurs puissances militaires , la Russie, la Chine mais aussi l’Inde, jouent des muscles économiques pour s’imposer parmi les super puissances de premier rang. Les nations africaines et asiatiques réclament leurs parts du gâteau. Leur croissance respectives leur permet tous les espoirs. Le dynamisme de leur population n’est pas s’en poser des questions.
Dans le même temps, depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, les Etats-Unis manient la « carotte militaire », par le biais de l’Otan qui fête ses 70 ans, et le « bâton de isolationnisme commercial » par la mise en place de barrières tarifaires qui contraignent le commerce mondial et donc la croissance de la planète entière. Washington et Pékin, alliés objectifs, se regardent en « chiens de faïence » : les excédents commerciaux chinois soutenus par sa monnaie artificiellement faible servent à financer la colossale dette américaine. Les Etats-Unis vivent à crédits pendant que la Chine investit, elle, à tout va sur tous les continents et dans tous les secteurs. L’heure de l’hégémonie chinoise, balayée un moment par l’Histoire, semble de nouveau sonner. Les Etats-Unis ne vont pas regarder le train de la félicité chinoise passer sous les fenêtres des buildings new-yorkais, sans réagir. Les tensions s’exacerbent. Le monde est dangereux. Les années qui s’ouvrent sont porteuses de bien des interrogations et de bien de dangers. Le monde digital qui se développe à la vitesse de la lumière laisse la place et construit un nouveau terrain militaire, source d’affrontements dont l’arme absolue est devenue le clavier d’ordinateur : la cybercriminalité au service des Etats remplace les corsaires de l’époque royale qui arraisonnaient sur toutes les mers et tous les océans, et pillaient au nom du roi ! Qui va prendre l’ascendant ? Quelles « puissances nations » vont (va) s’imposer ? C’est bien ces rapports de force qui se construisent sous nos yeux. L’instabilité est forte et partout. Les civilisations s’affrontent, leurs modes culturel, religieux, économique en sont leurs étendards. Pendant ce temps , l’Europe en panne tente de se frayer un chemin en donnant l’impression que le « couple franco-allemand » appartient à une histoire révolue.
Le monde est dangereux. Le pire n’est jamais certain. Même si les grandes organisations, ONU, OMC… donnent l’impression de vestiges du passé. Une certitude : demain, rien ne sera plus comme avant. Raison de plus pour donner une impulsion politique forte à l’Europe : changer de cap ? Donner de nouveaux leviers à sa construction ? L’enjeu est colossal : permettre au « Vieux continent » de jouer à fond sa carte dans la nouvelle construction mondiale qui se dessine sous nos yeux à vitesse « grand V ». Il n’y aura pas d’autres alternatives.

Eric Revel, Journaliste